David Kato, 43 ans, un militant de l'association Minorités sexuelles en Ouganda, a été assassiné à son domicile, sur fond de campagne homophobe dans ce pays d'Afrique de l'Est où l'homosexualité est sévèrement réprimée.
Le nom et la photo de David Kato avaient été publiés en octobre 2010 par un tabloïd homophobe qui appelait ses lecteurs à "pendre" les militants homosexuels. Une vingtaine de personnes avaient été ainsi "dénoncées" auprès des lecteurs du magazine.
David Kato s'était en effet publiquement engagé contre un projet de loi qui multiplierait le nombre de crimes et délits liés à l'homosexualité. Le nouveau texte, introduit en octobre 2009 par un parlementaire et toujours en débat, prévoit la peine de mort pour le viol d'un mineur par une personne du même sexe ou par un malade du sida. Le texte propose de punir toute discussion publique sur l'homosexualité, et rendrait passibles de poursuites les parents, professeurs, médecins d'homosexuels, ou encore propriétaires qui leur loueraient un logement. Un projet de loi largement critiqué par de nombreux pays et ONG, notamment l'Union européenne et les Etats-Unis, qui ont appelé le président Museveni à y mettre son veto. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, avait qualifié ce texte d'"odieux".
CONDAMNATION DES ÉTATS-UNIS ET DE L'UE
Les Etats-Unis ont rapidement réagi à la mort de David Kato : la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a demandé une enquête "minutieuse" . Un peu plus tôt, les Etats-Unis se disaient "horrifiés et attristés" par le meurtre du militant, dans un message de Johnnie Carson, le sous-secrétaire d'Etat chargé de l'Afrique, sur Twitter.
De son côté, le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a lancé un appel aux autorités ougandaises pour que les responsables du meurtre du militant homosexuel soient traduits en justice et que le projet de loi anti-homosexualité à l'étude soit abandonné.
"Je regrette que l'Ouganda demeure un pays où l'homosexualité est toujours considérée comme un acte criminel", a déclaré M. Buzek, en déplorant la mort du "remarquable défenseur des droits de l'homme".
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