Bahreïn: des femmes médecins racontent tortures et humiliations

Libres mais craignant d'être jetées à nouveau en prison, des femmes médecins chiites de Bahreïn, accusées d'avoir soutenu la contestation, racontent les tortures et les humiliations subies en détention.
Libres mais craignant d'être jetées à nouveau en prison, des femmes médecins chiites de Bahreïn, accusées d'avoir soutenu la contestation, racontent les tortures et les humiliations subies en détention.

Temps de lecture : 3 min

Libres mais craignant d'être jetées à nouveau en prison, des femmes médecins chiites de Bahreïn, accusées d'avoir soutenu la contestation, racontent les tortures et les humiliations subies en détention.

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En dépit de leur statut, de nombreux médecins et infirmiers ont été arrêtés lors de la répression à la mi-mars des manifestations qui ont vu durant un mois des chiites contester la dynastie sunnite des Al-Khalifa.

Ils ont été accusés d'avoir pris fait et cause pour les manifestants.

Des médecins de l'hôpital Salmaniya, non loin de la place de la Perle, épicentre de la contestation, ont été aussi accusés d'avoir menti sur le déroulement des événement ou de les avoir exagérés dans les médias.

Des femmes médecins libérées ont raconté à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, comment elles avaient fait des aveux sous la menace et la pression.

"Je vous conseille de passer aux aveux ou je vous frapperai comme un âne et je vous torturerai", a raconté l'une de ces femmes, en citant un officier qui l'a interrogée.

Elle dit avoir été frappée au visage par une interrogatrice quand elle a répondu qu'elle était un simple médecin qui a traité des manifestants blessés.

"Il semble que vous refusez de collaborer", lui a-t-on rétorqué, en accusant les médecins d'avoir ajouté du sang sur les blessures de manifestants pour exagérer leur état devant les caméras de télévision.

Cette femme a indiqué avoir eu les yeux bandés et les mains liées, puis avoir subi un choc électrique à la tête, avoir été jetée à terre, et battue sur la plante des pieds par un câble électrique.

"Même des policières ont été choquées de voir mon état à ma sortie de la salle d'interrogatoire", se rappelle-t-elle.

Le jour suivant des hommes ont pris le relais pour l'interroger, en multipliant les humiliations et en menaçant de la violer.

"Tu as dû pratiquer un mariage + mutaa + (de plaisir) place de Perle", lui a dit un officier en référence à cette pratique du chiisme considérée comme une forme d'adultère par les sunnites.

"Je te prendrai en mariage Mutaa", a-t-il ajouté en menaçant de la "suspendre par les seins avant de la violer".

Elle a dit avoir alors signé des aveux. Mais elle n'a été libérée que 20 jours plus tard et après avoir signé nombre d'engagements y compris un lui interdisant de parler à la presse.

D'autres femmes médecins ont évoqué humiliations et mauvais traitements.

"Personne ne s'attendait" à un tel traitement, dit l'une d'elles, affirmant aussi avoir signé des aveux sous les coups.

"Je ne savais pas de quel côté de la tête j'allais être frappée", dit cette femme voilée, qui affirme avoir été traitée de "prostituée" durant l'interrogatoire.

Elle raconte avoir été contrainte de dormir sur une chaise alors que l'une de ses collègues dit n'avoir réussi à s'étendre par terre qu'après avoir feint un évanouissement.

Cette femme médecin indique avoir été accusée de ne prodiguer des soins qu'à une partie des patients, en l'occurrence les chiites.

Toutes ces femmes craignent aujourd'hui d'être poursuivies en justice et leur salaire est bloqué depuis mars.

Interrogées par l'AFP à propos de ces abus présumés, les autorités n'ont pas réagi.

Le gouvernement avait indiqué que 23 médecins et 23 infirmiers ont été déférés devant un tribunal spécial pour soutien aux manifestants et la télévision d'Etat ne cesse de montrer des images pour soutenir que l'hôpital Salmaniya avait été transformé en centre de protestation.

"Ce qui s'est passé à Salmaniya ne sera jamais plus autorisé", a prévenu la semaine dernière le Premier ministre, cheikh Khalifa ben Salman.

Ces femmes disent craindre pour leur collègues hommes toujours en détention et pour l'infirmière en chef de Salmaniya, Rola al-Safar, forcée selon elles à faire des aveux à la télévision.

Commentaires (2)

  • Illitch

    Grand silence de l'Elysée et de la Maison-Blanche.
    Grand silence de la funeste "communauté internationale".
    Grand silence de l'ONU.
    Grand silence de la "gauche" française compassionnelle.
    Grand silence de la bien-pensance bobo et de nos humanitaristes en tous genres.

  • pave

    Le principal c'est que le 5e flotte américaine garde son port d'attache, que le régime allié des ricains ne soit pas inquiété, et que les manifestants assassinés à l'arme lourde pour les blindés de la ligue arabe soient oubliés rapidement, Bahreïn n'existe pas.